Portrait Alumni : Pierre-Denis BERGER FAYARD, Pédicure - Podologue

Portrait Alumni : Pierre-Denis BERGER FAYARD, Pédicure - Podologue

Nous avons le plaisir aujourd'hui de partir à la rencontre de Pierre-Denis, Pédicure-Podologue à Rocbaron dans le Var. Fort d'une reconversion professionnelle réussie, il nous partage son quotidien, ses missions variées et ses défis. Il nous confie, également, les qualités requises pour ce métier et prodigue des conseils précieux aux futurs professionnels de la santé et aux personnes ayant un projet de reconversion.

Pierre Denis, qui es-tu ? Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours académique et professionnel jusqu'à présent ?

Je m'appelle Pierre-Denis Berger Fayard, j'ai 36 ans je suis stéphanois d’origine. Mon parcours académique est un peu atypique, j'ai fait un bac génie civil pour poursuivre la tradition familiale, mais je me suis, rapidement, rendu compte que le bâtiment n'était pas ma tasse de thé.

J’ai donc repris des études de prothésiste dentaire pendant 4 ans à Lyon, pour me rapprocher du paramédical, à l’époque, c'était 1 CAP puis un bac pro. A la suite de cette formation, j’ai exercé cette profession près de Bandol, dans le Sud de la France pendant presque 8 ans, j'ai même créé mon propre laboratoire de prothèse dentaire. Après 2 ans, mon entreprise a rencontré quelques difficultés mais surtout, je me suis rendu compte que cela n’était plus ce que je cherchais. En effet, le côté technique et manuel du métier qui me plaisait énormément au début s'est estompé au fur à mesure pour laisser place à un besoin de plus de relations humaines. Etant devenu mon propre patron, j’étais davantage un commercial qu’un prothésiste dentaire et cela ne correspondait plus à mes attentes.

Pourquoi avoir repris des études de Pédicure Podologue ?

J'ai fait un bilan de compétences, ce que je conseille, d’ailleurs, à toute personne en reconversion. A l’issue de ce bilan, il est ressorti mon appétence pour le paramédical et l’envie de soigner les gens. J’ai donc cherché un métier qui alliait le côté technique et manuel avec le soin. J’avais 33 ans à l’époque, je me suis, donc, orienté vers des métiers nécessitants entre 3 et 4 ans maximum d’études, il est ressorti pédicure podologue et infirmier. J'ai ensuite fait des stages avec des professionnels de ces 2 métiers et j’ai beaucoup apprécié le lien social que tisse le pédicure podologue avec ses patients mais également, le bien-être, quasiment immédiat, qu’il peut apporter grâce à un soin, notamment en pédicurie.

J’ai recherché une école et comme ma famille est proche de Lyon, je me suis inscrit à l’Ecole Rockefeller.

Quelle est une journée type d’un pédicure podologue ?

Le Pédicure Podologue arrive vers 8h00/08h30 au cabinet et avant le 1er patient, il peut faire de l’administratif : les commandes de fournitures et de matériaux, ou la stérilisation ou bien la fabrication de semelle. Ensuite, il reçoit les patients, il peut également consacrer une partie de sa journée à fabriquer les semelles des patients reçus en podologie.

Lorsqu’un patient vient en consultation pour la première fois, le Pédicure - Podologue fait ce que l'on appelle l'anamnèse, il s’agit d’un interrogatoire pour comprendre ce qui l’amène à consulter. Le professionnel étudie, alors, son chaussant, son sport, son quotidien, son travail, en somme tout ce qui peut influer sur ses douleurs. Une fois les informations recueillies, il passe au soin, si c'est de la Pédicurie, il installe le patient dans le fauteuil pour le soin spécifique, s’il consulte pour de la Podologie, le professionnel va faire un bilan avec de la palpation comme le ferait un kiné ou un ostéo de manière à avoir toutes les amplitudes. Il regarde le patient du haut en bas de son corps : les épaules, le dos, le bassin, les genoux, le pied. Il dispose de différents instruments pour l’aider : podoscopes, plateformes de Baropodométrie, tapis de course, etc. l’objectif est de faire marcher le patient, d’observer sa position, la structure de son corps de manière à identifier la douleur et la pathologie, pour pouvoir fabriquer des semelles adaptées afin de le soulager.

Cela peut être une personne qui a des problèmes d'instabilité, ou bien un coureur qui a des douleurs lors de ses courses, il y a une multitude de pathologies que l'on peut soigner grâce à une semelle orthopédique.

Permettre à une personne âgée de remarcher, c'est vraiment satisfaisant ! Yves Lescure, un de nos formateurs, ex-directeur de l’IFPP, me partageait d'ailleurs que c’est, selon lui, le plus important dans son métier. En effet, permettre à une personne âgée qui ne marche plus de marcher grâce à des semelles, c’est lui faire gagner quelques années de vie. Ce n’est pas bon pour personne de devenir sédentaire, mais encore davantage pour une personne de 90 ans, elle se coupe du monde, elle ne sort plus, alors que si les semelles lui permettent de faire le marché ne serait-ce que 2 jours par semaine, elle reprend une dynamique, elle reprend du cardio, elle reprend du lien social. A côté de cela, un coureur qui a mal, il a d’autres possibilités, il peut faire de la natation, il peut faire du vélo, etc.

Je ne me cantonnerai jamais à un seul des 2 aspects de notre métier, je trouve qu’ils sont complémentaires.

Lorsque le patient descend du fauteuil, qu’il remet ses chaussures et qu’il vous dit qu’il est sur un nuage, je suis heureux et convaincu d’avoir trouvé ma voie.

Quelles sont les qualités requises pour exercer en tant que Pédicure Podologue ?

A mon sens, la première qualité, c'est l'empathie, à partir du moment où l’on veut soigner les gens il faut avoir de l'empathie, il faut pouvoir les comprendre pour comprendre leur douleur et l'analyser. Je pense qu’il faut être aussi un peu psychologue, en pédicurie, parfois les patients se dévoilent à nous. Par exemple, l'année dernière, j'ai eu à 2 reprises, des patients qui avaient perdu un proche tout récemment. Ça a été compliqué, donc à ce moment-là, on arrête le soin, on discute, les émotions sortent, les larmes coulent, on prend le temps d’écouter, c’est important.

A l’Ecole, on nous a répété pendant notre formation qu’au-dessus des pieds, il y a un être humain : on ne soigne pas que des pieds. Il s’agit d’une prise en charge générale. Alors, c’est sûr, nous ne sommes pas des psychologues, mais nous nous devons de savoir gérer des situations humaines. C’est d’ailleurs, ce que je suis venu chercher avec cette formation : l'empathie, le lien social.

Une autre qualité importante, c’est d’aimer l’acte technique et manuel car il est primordial dans le métier, il ne faut que cela effraie, ça s'apprend. J’avais des facilités grâce à mon ancien métier, à contrario, j’étais moins armé au niveau des connaissances académiques que certains collègues qui sortaient de BAC Scientifique ou de fac de médecine. Aujourd’hui, nous sommes tous diplômés, tout s'apprend, nous avons été bien formés et bien accompagnés.

Pierre-Denis, peux-tu nous confier comment tu as financé tes 3 années d’études de Pédicurie Podologie ?

J'ai la chance d'avoir le soutien de ma famille, j’ai également fait des petits boulots quand j'ai arrêté ma structure le temps de faire la mon bilan de compétences ce qui m’a permis d’ouvrir des droits à pôle emploi, qui pouvaient, soit financer une partie de la formation, soit m’indemniser pendant 18 mois. Ainsi, j’ai eu des aides jusqu’à la moitié de la 2eme année.

Je recevais environ 1000 € par mois, pour subvenir à mes besoins : loyer, nourriture, etc. et mes parents complétaient parfois, une fois que je n’ai plus eu d’indemnités pôle emploi, j’ai rendu mon appartement et j’ai été hébergé par ma famille. Ce sont mes parents qui ont financé la totalité de la formation, je les en remercie !

Dans ma promo, d’autres personnes étaient également en reconversion et avaient droit à des indemnités chômage supérieures aux miennes et ils ont pu financer en partie leur formation de cette manière, d’autres travaillent à côtés de leurs études, d’autres encore, ont eu une partie prise en charge par le CPF, comme il s’agit d’une formation diplômante.

Le mélange des étudiants en reconversion professionnelle et des bacheliers au sein d’une même promotion, donne une belle dynamique d’entraide, chacun a quelque chose à apporter à l’autre.

Quel métier voulais tu faire quand tu étais enfant ?

Petit, je voulais être vulcanologue, puis j’ai eu des problèmes de santé, j’ai passé beaucoup de temps à l’hôpital et j'ai découvert le monde de la santé qui m'a tout de suite attiré, j’ai eu envie de prendre soin des gens.

Pourquoi avoir choisi l’Ecole Rockefeller pour faire tes études ?

A l’époque, j'étais dans le Sud, je faisais mon bilan de compétences à Toulon et l'école de Marseille avait fermé à cette époque. J’ai regardé où se situaient les autres écoles en France. Je n’ai déposé qu’un seul dossier à Rockefeller, tout simplement parce que j'ai ma famille à côté donc cela me permettait de revenir dans la région et de me rapprocher de ma famille de nouveau.

Qu'est-ce que cette formation à l’Ecole Rockefeller, t’a apporté ?

Elle m’a apporté de solides connaissances, aujourd’hui je me sens armé pour faire mon métier. C’est une énorme charge de travail et d’apprentissage théorique (l’anatomie, la neuro, le cardio, les poumons) évidemment primordiale pour assurer une bonne prise en charge globale. Ensuite, je le disais, nous avons la chance d’avoir de très bons formateurs, tous complémentaires qui nous accompagnent durant les 3 ans et nous transmettent la bonne posture professionnelle.

Quel est LE conseil qui t’a été donné pendant tes études auquel tu repenses tous les jours ?

Je le disais précédemment, ne jamais oublier qu’au-dessus du pied, il y a un être humain.

Je ne conçois pas un rendez-vous pendant lequel, je ne regarde que les pieds de mon patient et je ne m’intéresse pas à l'humain. On sait tous être de bons professionnels au niveau technique, ce qui fait la différence, c'est l’humain : s'intéresser à l'autre, prendre soin de lui et lui donner envie de passer un bon moment.

Un autre conseil, c’est de toujours s’investir, se former, se remettre en question, on peut se tromper, on peut s’améliorer.

La majorité des patients ne sait pas ou n’ose pas, mais ils peuvent revenir voir leur podologue pour leurs semelles après 1 mois pour un rendez-vous de suivi, c’est comme une garantie. Il ne faut pas hésiter à revenir au lieu de ne pas les porter, si tout va bien, c’est parfait, sinon, on cherche à savoir ce qui ne va pas et ce que l’on peut améliorer : changer de matériau, changer de technique, s’il faut on reprend le bilan à zéro, peut-être qu’on s’est trompé quelque part, parfois cela peut être au-dessus de nos compétences, il faut savoir réorienter pour arriver à ce que le patient soit guéri.

Si tu ne devais citer qu’un seul formateur ?

C’est trop difficile, il y en a plein !

Evidemment, mon tuteur de mémoire, Thierry Karibian avec qui j'ai accroché dès le 1er cours en 1ère année. Mais évidemment, Madame Mathieu pour tout ce qu’elle m’a apporté, Madame Nicolas pour toutes les connaissances en podologie qu’elle nous a transmises, Monsieur Nicoghossian qui est génial, Madame Vigneron qui nous a transmis l’amour de son métier et tout son savoir en pédicurie. Monsieur Lescure, avec qui je pense, on aura des projets à monter ensemble à l’avenir. Madame Perrin, pour les mémoires.

Enfin, il y a une belle équipe de formateurs, des gens formidables.

Un souvenir ou une anecdote durant ces 3 années ?

Le congrès ENPODHE, c’était magique, j’ai eu la chance de pouvoir m’investir et de contribuer à la réussite d’un tel événement, c’était une super expérience !

Les stages de formation en clinique à l’Ecole, mais également à l’extérieur, les courses sur lesquelles nous avons pu être présents : Millau, notamment, j’ai des souvenirs de nuit à soigner des ampoules et masser les coureurs : ce sont des moments qui resteront gravés dans ma mémoire !

Où es-tu installé aujourd’hui ?

J’ai trouvé un remplacement de congé maternité à l’issue de ma diplomation jusqu’en mars 2025 qui devrait déboucher sur une collaboration si tout se passe bien d'un côté comme de l'autre.

La pédicure podologue que je remplace veut ouvrir un autre cabinet d'ici 3 ans il y aurait, l’idée est donc que je reprenne son 1er cabinet avec les collaborateurs et le matériel. Sinon, j’ouvrirai mon propre cabinet dans le Sud de la France.

Tu étais vraiment investi dans l'école, aimerais tu y enseigner dans quelques années ?

Oui, avec plaisir ! je suis extrêmement attaché à l’Ecole, je serai heureux d’y revenir et de transmettre.

Un conseil pour les personnes en qui ont un projet de reprise d'étude ?

FONCEZ ! On n’a qu'une vie, si on ne se plaît pas dans son métier, il faut changer !

En revanche, à partir du moment où on a pris la décision il faut s'investir à fond. Il y a effectivement beaucoup du travail, la charge de travail est énorme, mais si je suis arrivé c'est que tout le monde peut y arriver. Il y a des mois où on se prend des avalanches de charges de travail, il ne faut pas se laisser décourager parce que ça se fait, j’en suis la preuve !

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