Portrait alumni : Quentin Arnaud, Responsable de secteur dans un service social
Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Quentin, responsable de secteur dans un service social chez Actis et alumni 2012 de l’école Rockefeller. A travers son témoignage, il revient sur son parcours académique et professionnel et nous parle de son métier et de ses missions au quotidien au sein de l’Actis. En fin d’interview et en tant qu’expert de son domaine, il donne ses conseils aux futurs diplômés de l’école Rockefeller pour leur entrée dans la vie active !
Bonjour Quentin, comment êtes-vous devenu responsable de secteur social ?
Après l’obtention de mon baccalauréat en 2005, je ne savais pas vraiment quoi faire. Je suis donc allé à la fac, me perdre dans les amphithéâtres au milieu de centaines d’autres étudiants. Au bout de quelques années et un DEUG en poche, j’ai eu envie de trouver un métier qui me permettait d’être au contact des gens et notamment dans le secteur social. Je savais qu’il existait des formations comme éducateur spécialisé ou bien assistant social qui se faisaient en 3 ans, et j’ai décidé de me lancer.
J’ai passé le concours d’assistant social que j’ai eu en 2009 et qui m’a permis d’entrer en formation du même nom à l’école Rockefeller. Au sein de mon cursus j’ai eu l’occasion de réaliser 3 stages dans des structures différentes, dont le dernier au sein de l’association Actis, structure dans laquelle je travaille aujourd’hui.
J’obtiens mon diplôme en 2012 et j’intègre Actis comme salarié en tant qu’assistant social du travail inter-entreprises, poste que je vais occuper pendant plusieurs années. Souhaitant évoluer professionnellement, je passe un CAFERUIS en cours d’emploi en 2016 pour devenir chef de service et c’est en 2018 que je prends le poste de responsable de secteur, toujours au sein d’Actis, dans un premier temps sur Lyon puis depuis l’été dernier sur le secteur de Valence/Marseille où je vis actuellement.
Dans quel secteur du social travaillez-vous ? Quelle est l’activité d’Actis ?
Il faut savoir que je travaille dans un secteur assez méconnu au niveau du service social à savoir le service social du travail. En effet, nous travaillons pour des entreprises ou de grandes administrations. Nous accompagnons les salariés, les DRH, les dirigeants au sein de multiples structures, que ce soit des entreprises privées (production agroalimentaire, industries pharmaceutiques, banques, etc.) mais aussi certaines facultés ou écoles, les personnels de Pôle Emploi ou encore les agents de la Région AURA par exemple. Les assistantes sociales qui interviennent sont salariées de l’association Actis et travaillent en tant que prestataires au sein des structures que nous accompagnons.
Ce sont des postes qui sont très riches, puisque les assistantes sociales ont à la fois des missions « classiques » liées au service social (précarité, logement, etc.) mais aussi celles propres au monde de l’entreprise (santé au travail, retraites, risques psychosociaux, etc.).
Actis est une association créée en 1939 et qui compte aujourd’hui environ 250 salariés. Elle intervient auprès de plus de 350 entreprises ou structures adhérentes sur toute la partie quart sud-est de la France. En plus du service social du travail et de ses assistants sociaux, elle intervient également au niveau de la santé au travail avec des infirmiers de santé au travail et propose aussi des formations via son pôle projet et innovation.
En quoi consiste votre métier ? Quelles sont vos missions ?
En tant que responsable de secteur, j’encadre 17 assistantes sociales qui interviennent dans des entreprises. Mon rôle est de les accompagner tout au long de leur mission en entreprise, de m’assurer que tout se passe pour le mieux, qu’elles soient bien intégrées, et également d’être présent en cas de problème de positionnement par exemple. En tant que référent contrat, je fais également le lien avec les entreprises au niveau commercial, contractuel et organisationnel. Je suis également coordinateur au niveau de l’association Actis d’un numéro d’urgence que les salariés peuvent appeler si leur assistante sociale n’est pas disponible ou absente. Enfin, je participe au recrutement des AS de mon équipe et participe à la vie de mon association sur des aspects stratégiques par exemple.
Quelles sont les qualités requises pour exercer le métier d’assistant social/responsable de secteur ?
Il y a tout d’abord la bienveillance et le non jugement. Il faut être en capacité de ne jamais avoir d'a priori sur une personne ou une situation et de garder une posture de neutralité et d’objectivité, c’est très important. De plus, il faut faire preuve d’empathie envers les gens que l’on accompagne ou que l’on encadre.
Une autre qualité à avoir pour exercer ce métier : ne pas avoir trop d’ego, car la reconnaissance dans le secteur du social n’est pas forcément là, que ce soit de la part des usagers, des institutions, ou des professionnels que l’on manage. Pour finir, évidemment, il faut aimer travailler avec les autres et ne pas être trop casanier ou vouloir rester dans son coin, derrière son bureau.
En règle générale et surtout dans ce milieu, notre personnalité et nos valeurs doivent être en accord avec le métier que l’on exerce. Il n’existe pas de “costume” ou de “masque” d’assistant social ou de responsable de secteur, toutes les qualités que j’ai citées plus haut doivent déjà faire partie de notre caractère, de notre personne.
Quels challenges rencontrez-vous au quotidien ?
Si je devais vraiment citer un challenge, qui peut d’ailleurs s’appliquer à d’autres métiers, c’est celui de la nécessaire et permanente remise en question. Quand on connaît bien un poste ou une structure, on connaît parfaitement les marges de manœuvre, les petites failles où se glisser en cas de conflit ou de désaccord pour ne pas se retrouver dans l’inconfort. Malheureusement, cela nous empêche parfois de nous remettre en question et de nous confronter à de potentielles erreurs.
Il est donc très important de savoir reconnaître et accepter ses erreurs, être en capacité de proposer une solution sans pour autant se mettre en difficulté.
Aujourd’hui, travailler dans le social, au contact de personnes au quotidien (usagers ou professionnels) et ne pas réussir à se remettre en question, ce n’est pas concevable.
Ce qui m’a notamment aidé à pouvoir faire ce travail là, c’est d’avoir été jury de diplômes du DEASS pendant plusieurs années (correction de mémoire, participation aux oraux). Cela m’a demandé de me replonger dans les écrits, de m’intéresser à différents secteurs et à leurs évolutions et de me remettre au goût du jour. Ce pas de côté aide à rendre humble et facilite cette remise en question.
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Alors sans surprise (reproduction sociale bonjour) mon père étant éducateur spécialisé et ma mère ancienne secrétaire d’un planning familial et dans un hôpital, je pense avoir toujours eu une fibre assez développée à ce niveau-là. De plus, je faisais mes jobs d’été en tant qu’animateur en centre social ou dans des MJC, j’ai donc toujours eu un attrait pour le social et un pied dans ce secteur. Pour ce qui est du métier en lui-même, je n’avais pas particulièrement de préférence à ce niveau là puisque j’ai également passé le concours d’éducateur spécialisé au même titre que celui d’assistant social. Ayant réussi celui d’AS, j’ai pris cette direction.
Que vous ont apporté vos années à l’école Rockefeller ?
Mes années à Rockefeller m’ont déjà permis de rencontrer des gens géniaux, des amis mais aussi des collègues (je travaille actuellement avec une ancienne camarade de promo, responsable de secteur elle aussi). Cela m’a également apporté l’apprentissage d’un métier, notamment grâce aux stages que j’ai pu faire tout au long de ma formation. D’un point de vue pédagogique, le lien avec les profs était très chouette et j’en garde de très bons souvenirs. Contrairement à la fac, nous étions très bien accompagnés et les échanges étaient individualisés.
Si vous deviez donner un conseil aux futurs diplômés ASS de l’école Rockefeller, quel serait-il ?
Le premier conseil que je leur donnerais, c’est déjà d’essayer de trouver un domaine d’intervention qui leur plaît car le secteur du social est large et les postes différents dans plein de structures, ce qui laisse un panel de possibilités assez large. La 1ère chose à faire est donc de se poser la question “ Qu’est-ce que j’ai envie de faire et où j’ai envie d’aller ?”. Cela peut paraître bateau, mais les métiers sont radicalement différents d’une structure à une autre.
De plus, il faut essayer de définir le cadre/l’équipe avec lequel/laquelle on veut travailler. Si vous êtes quelqu’un d’autonome, vous allez peut-être plus facilement vous diriger vers le service social du travail où vous êtes souvent seul en entreprise et vous devez gérer les choses par vous-même. Si au contraire la solitude professionnelle vous effraie, mieux vaut vous diriger, par exemple, vers le service social de secteur où vous intégrerez une équipe avec d’autres ASS.
Pour finir, je leur conseillerais de prendre du recul sur le métier et les situations qu’ils peuvent rencontrer et d’essayer de ne pas trop s’impliquer émotionnellement parlant. Ce paramètre doit entrer en compte dans leur choix de carrière. Si un secteur d’activité les impacte trop, il ne faut surtout pas y travailler, car cela risque de nuire à leur moral, leur santé et donc leur vie personnelle.